Bon boss, bad boss

Vous connaissez l’adage «on ne quitte pas son travail, on quitte son patron» ? Eh bien dans le monde vétérinaire comme partout ailleurs, tout porte à croire que ce dicton aurait tout d’une grande et bien triste vérité.  Mais qu’est-ce qui nous donne envie de quitter notre patron? Après avoir épluché soigneusement plusieurs recherches, de nombreux articles et maintes chroniques, deux éléments sortent davantage du lot pour déterminer si un patron est bon ou mauvais.


Employé = ressource interchangeable.

La salle d’attente de la clinique est pleine, et tu as l’impression de courir un marathon depuis que tu es arrivé. Tu croises ton patron entre deux consultations. «Combien de consult il te reste?» qu’il te demande. Tu réponds que ton premier client avait beaucoup de questions sur la prévention des parasites pour son chat, que celui d’après était bien inquiet parce que son petit Pinscher se gratte souvent les oreilles et que tu as dû lui expliquer les étapes de l’investigation du prurit… bref, que tu commenceras ta 3e bientôt. Aussitôt il réplique: «Il y a plein de clients qui attendent, accélère. 2 consult en 1h30, c’est vraiment, mais vraiment pas assez.»

Un gestionnaire négatif verra ses employés comme une ressource renouvelable et interchangeable, alors qu’un bon les considérera plutôt comme des alliés inestimables. Voilà une énorme différence. Vétérinaires, vous avez assurément déjà entendu parler du fameux «ratio revenu/salaire». Toutes sortes de théories circulent là-dessus. Par exemple? Qu’un vétérinaire devrait générer au moins 4 fois son salaire en chiffre d’affaires pour la clinique à laquelle il travaille. Certains affirment même que le vrai chiffre devrait être 5… d’autres 6. Évidemment, suivre la rentabilité des employés est loin d’être mauvais! Par contre, se servir de cet indicateur sans étudier le contexte ou en faire analyse avec une perspective très «court terme», ça, ce l’est un peu plus. Disons que c’est une manière de réduire ses vétérinaires employés au titre de simple ressource... et d'augmenter leur niveau de stress inutilement. Un peu comme dans la mise en situation, un leader négatif sera incapable de valoriser autre chose que le rendement, au détriment de l’humain, des bons coups et des efforts. Après tout, le rendement dépend de plusieurs facteurs, non? Et surtout, 3 clients satisfaits et complètement rassurés valent mieux que 6 clients plus ou moins contents d’une consultation rapido presto qui laisse leurs inquiétudes sans réponse…


«Inspirer ses employés, ça sert à quoi? Ils sont payés de toute façon.» – Bad Boss

On vous a déjà jasé de vision entrepreneuriale. C’est un fait irréfutable: lorsqu’un leader ne partage pas sa vision, son équipe tourne en rond. Comment faire autrement? On ne sait pas dans quelle direction aller! Pire encore que de ne pas partager sa vision? Ne pas en avoir. Un patron qui ne voit pas loin pour son entreprise aura de la difficulté à garder son équipe mobilisée. On a tous besoin d’une direction dans laquelle aller, sinon on risque fortement de soit ne pas avancer, soit aller dans la mauvaise direction! Et la cerise sur le sundae: si vous allez dans la mauvaise direction, le mauvais patron risque fortement de vous le reprocher, puisqu’il ne réalise probablement pas qu’il échoue à vous donner les bonnes indications! Assez frustrant...

«Un employé qui se reconnaît et se sent valorisé par ses supérieurs devient automatiquement un ambassadeur»

Ne pas reconnaître la valeur de l’humain, ne pas communiquer adéquatement et ne pas partager sa vision; avez-vous remarqué que ces trois grandes caractéristiques ne sont pas des actions? Plutôt des échecs à poser des actions importantes. Bref, les leaders négatifs peuvent presque être plus facilement définis par ce qu’ils ne font pas. On appelle ça le principe de l’omission. Un employé qui se reconnaît et se sent valorisé par ses supérieurs devient automatiquement un ambassadeur pour son employeur! Le retour sur investissement est automatique, grâce à la productivité irréprochable et au dévouement de l’employé. C’est pas moi qui l’invente, c’est Laszlo Bock, le Vice-président senior des ressources humaines chez Google (rien de moins).

Vous vous sentez bafoués au travail? Il n’y a pas de solution miracle, malheureusement! Il faut faire le focus sur vos talents et qualités, et trouver quelqu’un qui saura les apprécier à leur juste mesure. La vie est trop belle, et courte, pour accepter la tyrannie d’un bad boss!


Dr Maxime Meunier, DMV, MBA